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SOMMAIRE
numéro 8

 

Fronton :
Edmond Humeau par S. Fauchereau

manuscrits de : Edmond Humeau et G, Perros
po
èmes illustrés: H. Pissarro ef M-F. Lavaur

poèmes : Max Alhau, Suzanne Bornat, Augustin Barbara, Michel Gabet, Pierre Gabriel, Jean Laroche, M-F. Lavaur, Alain Lebeau, Norbert Lelubre, Jacques Lepage, Paul Mari, Robert Momeux, Claude Serreau, F. Temple

un animateur de revue : R. DELAHAYE

primes traces J-M. Moncelet

ETUDES :
Norbert Lelubre
« pour un art poétique »
Alain Lebeau « G. Perros »

un peintre nantais
: Renée Leclerc-Dilhuydy
supplément abonnés: Norbert Lelubre, « grande ballade » (fin)

dessins
de M-F Lavaur

 

 

Les vieux disaient
que c'était une eau miraculeuse
et les gens de la ferme
leur besogne achevée
venaient s'asseoir au bord de la fontaine communale
l'homme à la faux
la femme au masque de jument
le grand valet au poil ardent
le petit valet au pied bot
le gars qui buvait
sa chopine d'eau de vie chaque matin
et l'ancien qui ne songeait plus à la mort
à cause de son grand âge.
Curieusement penchée sur la margelle
l'innocente riait aux éclats
une poupée de son entre les bras
tout de guingois
protégée par les ombres rouges du soir.

Robert Delahaye
miroir d'eau








Les peupliers du ciel ont allongé leurs ombres
Aiguisée au soleil la vie pipe le sang
qui suit sa musicale ascention
L'heure commence à se dégingander
Je nie les cires du passé rêves poussés
au large de mon corps
Les galions de l'aurore sabordés sont en marche
vers l'éteignoir du vide J'aime confusément
cette glace sans tain du visage
récusant le coupe-file à blanc de la mémoire
La pérégrination ravineuse des rides
enclôt la joie des matins d'une terre inquiète

Au matin d'hébétude Mort il me restera
la bête vigilante et tendre du regard
qui te reconnaîtra

Claude Serreau
ombre porteuse


Tu viendras, torturé des ombres;
on te sacrera fils du jour;
nous sommes promis à l'Amour;
délienous de terres qui sombrent.

Pas un chien qui, mordu d'etoiles,
n'ouvre le petit jour avec les dents;
pas une nuit qui ne mette à la voile
sur des aubes, des courants;

nulle pierre qui ne mûrisse
dans le soleil au bord du temps;
la pluie fait semblant de dormir;
l'homme attend le moment de vivre.

Jean Laroche
tu viendras

 

Humoresque en tournesol

Edmond HUMEAU par Serge Fauchereau

A d'autres le soin des notes bibliographiques et des commentaires sur l'œuvre poétique.
Je dirai le poète lui-même. Inutile de jeter des noms car vous n'aurez dit qu'à moitié quand, évoquant un « pays » , vous rappelez Du Bellay sans ajouter : Rabelais. Non.
Je ne demande qu'un seul qualificatif pour le poète Humeau: attentif.
Oui, attentif, tendu quand bien même les mains aux poches ou cognant la pipe sur le talon, à tous, à tout : au peintre, aux gosses, à l' épicier du coin, aux arbres, à la pierre granuleuse à souhait ou au vin à point chambré . Attentif comme attentive à humer au monde sa poésie. En homme qui vit, la poésie en graines denses au cœur et ne déployant que des pétales guère avides de gloire ou de publicité , un tournesol a hauteur des trémières et tendu vers la lumière; pas de ces belles roses jaunes en buisson, ni de ces roses-dindes dont je tairai les noms, un peu à l' écart au jardin mais d'un or qui n'est pas celui du topinambour ou du pissenlit. A ceux qui clameront : phœbus ! antilogie! doucement je répondrai, je réponds : allez, cela ne fait rien, fermez ce livre, pour vous c'est fini. Pour moi, en un monde où l'on s' étripe pour le plaisir de curés et de colonels,
où cinéma, chansons, journaux, télévision et autres décuplent la puissance de la bétise,
je vis avec espoir encore si je sais que je verrai quelques hommes.

Edmond HUMEAU est de ceux-l à.

 

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