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SOMMAIRE
numéro 5

 

Après 4 premiers recueils consacrés à plusieurs amis poètes, MASQUE ET MIROIR est le premier recueil publié de Michel-François Lavaur.
Il rassemble 40 poèmes



I)

Familier des soleils mais de la nuit complice
mon périple se plaît en ses voies souterraines

j'appareille les soirs pour des courses lointaines
j'ai mes îles encore où le sol m'est propice.

Mon guet ne plagie pas la ronde des milices.

Cavalier seul dont le cheval libre de r ênes
choisit au carrefour les appels et nous mène
je parais me céder bien que je m'accomplisse.

Si je marche sans pas et pars sans me lever
c'est plus qu'une langueur de vain amour rêvé.

Non plus que le sourcier n'engendre les eaux vives
mais ainsi que lui seul pressent et voit le jet
le poème n'éclot souverain messager
qu'au nid d'âme fervente aux quêtes en ses rives.


 

II)

Lorsque l'envie dans le torse me germe
Sourde animale ainsi que rompre chaîne
L'envie d'errer à travers champs et bois
Et qu’ici demeurer je dois

Lorsqu'en moi sourd le désir de poème
Qu’il me souvient de nos suprêmes
Rêves d'antan si loin de moi
Et de mes ans déjà vingt trois

Sans que j'aie su réaliser
Deux pages sauves de risée
Oh ! vain rêveur et fat peut être
Je bondirais par la fenêtre
Non dans les eaux ni sous les roues
Mais vivre comme un renard roux.

 

XXIV)

Cheval épuisé
qui meurt les naseaux à la rive
enlisé
dans les boues d'une crue subite,

ailes brisées
le migrateur pès de son île
abusé
par le dernier phare vigile,

je capte
aux mailles lâches du verbe
je hale
au filet ravaudé de la forme
le poème
sur la berge friable de l'essentiel.

XXIII )

Clouée mon escalade
Nécessaire mais vaine
Avec dans une veine
Le croc de la péliade

Dérisoire alidade
Quand la flamme soudaine
Ronge et rompt la carène
De ma nef d’ambassade.

Inutile parade
Quand le fer de la haine
Troue mon torse candide

Si ne me persuade
Mon audace timide
Que nul revers n'enchaîne.


XXV)

 

Parmi la grève humide où bat
Le flot pantelant de mon cœur
La poésie neige en pétales
Fondus ou ne se posant pas.

Echine ployant sous le bât.
L'air roule effluves de rancœur...
Ni fleurs ni chants en le dédale
Du cœur. Les pas le cœur les pas.

Comme poids de joug sur la nuque
L' échec.
Seul, Prométhée, les nerfs à nu,
Le bec.
Honneur de nain désir d'eunuque
L' échec.

XXXVIII)


La terre s'est évanouie
En un sommeil de morte
Tant épaisse et profonde est la nuit
Dès le seuil de la porte

Et c'est un spectacle inouï
De voir en ces ténèbres moites
Seule dans toute la nuit
Une étoile qui flotte

On ne sait s'il y eut des arbres
Ni cris ni frissons d'herbes
L' épaule de la vie porte tant de poids d'ombre

Mais ce bouton d' étoile sème
En mon âme le germe
Qu'après la nuit fleurira l'aube.

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