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SOMMAIRE
numéro 2
Avril 1963

 

manuscrit
Jean Rousselot

dessins
Renée Leclerc, Michel-François Lavaur

poèmes
Andrée-Gabrielle Berry, Paule Boulesteix, Colette Girard, Georges Drano, Jean Jour, Jean Laroche, Michel-François Lavaur, Norbert Lelubre, Jacques Lepage, André Marissel, Robert Momeux, Pierre Menanteau, Roger Pécheyrand, Fernand Rolland, Claude Serreau, Claude Vaillant

proses
Jean Bouhier, Michel-François Lavaur

 



Dessin sur stencil de MFL


Jean Rousselot ou le poète blessé

Parvenu à l'âge où d'autres méditent sur l'inutilité des choses ou prononce un "à quoi bon!" désabusé, Jean Rousselot continue à poursuivre, avec ferveur, sa quête poétique et à se poser lui-même en interrogation lucide.
A renaître sans cesse afin de rester L'Homme au milieu du monde et de faire du poème l'Emploi du temps le plus précieux, Jean Rousselot maintenant chef de file, découvreur de talents, exemple suivi, ne cesse de s'expliquer pour mieux tendre à son semblable une main lourde d'amitié.
Un mot clé jalonne son oeuvre : sang. Parce que blessé très jeune dans son affection d'enfant, blessé ensuite dans sa propre chair, il restera toujours obsédé par ce bouillonnement viscéral qui bouleverse les êtres, les soulève, les enchaîne ou les précipite dans les pires errements, dans les crimes les plus odieux.
Autre mot clé : pain. Car si le premier cri de Jean Rousselot fut Pour ne pas mourir, il sut apprécier le Goût du pain avant de devenir L'Homme en proie, Sous le soleil du ciel ; il dut également connaître le prix des Moyens d'existence, portant cependant comme en filigrane à son œuvre le mot amour confondu avec le mot femme même lorsque le moment vient de procéder à l'Agrégation du temps.
Rarement poésie ne fut autant autobiographique, rarement non plus rigueur de l'écriture, exigence de soi, richesse de l'inspiration ne furent autant dominés par une nécessité intérieure, par l'honnêteté totale d'un homme véritable portant démenti à un autre...homme en train de mourir
oooooooooooccccccccccccccoooo de précises brûlures.


Jean Bouhier




dessin sur stencil de Renée Leclerc

 

 

Salines prenez-moi la main
conduisez-moi
je suis l'aveugle des eaux profondes

Ma prison tiss ée de tempêtes
ma beauté des bords du vent
prends-moi la main conduis-moi
en ton jardin de tamaris
vers le fruit d'or de la mer

Je me heurte à tous les couchants
je souris dans les paysages
je sombre dans les feuillages

Avançons nous mériterons
un lourd pays de fin du monde.

Les jeux du temps sur la colline
avec l'extase des marais
la d éroute des roseraies
des canaux où le jour décline

une amiti é de terre et d'eau
cette voix qui creuse l'espace
l'oiseau qui tire le rideau
la brûlure d'un face à face

le cœur qui parle à son reflet
des miroirs jusqu'au bout du monde
où l'amour sombre et se défait

Oh le front lisse au fond de l'eau
Sur lui lorsque ma main l'enclôt
chavire un trésor de Golconde.

Jean LAROCHE

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