Haïku, senryû et autres brefs...

Fervent du haïku et autres brefs, Michel-François Lavaur
en a composé plus d'un millier en français, occitan, anglais, espagnol, italien...
"Vues, rêves , sensations, détails, intimes morceaux de nature ou immenses ouvertures, méditations -éclairs, humour qui éclate à fleur de mots, raccourcis philosophiques, ce sont des textes qui allient spontanéité et lucidité, ironie et tendresse."
André Miguel,

« Nombre de maîtres du haïku étaient peintres-poètes (et prosateurs). Je peins, j'écris proses et vers. Mes études d'art ont éveillé en moi une passion pour les peintures chinoises et estampes japonaises.
Le haïku (jusqu'au senryû) se dessine, croquis sur le vif, avec des mots, comme il se présenta en une calligraphie verticale. Cette longue attirance (près d'un demi-siècle, pour moi) ne pouvait que me conduire à m'initier à la langue japonaise, si différente de la nôtre, pour comprendre comment il fonctionne, de l'intérieur. »
Lavaur



Le héros est mort
à la première ligne
du roman que je voulais écrire.


Reine des abeilles
avec son prince elle monte
au septième ciel.






La oruga no sabe
como volverse mariposa.
Sin embargo lo harà !

La chenille ignore
comment devenir papillon
Pourtant, elle y arrive !

("A lo vivo"
cent brefs en espagnol)





La vache est peu soucieuse
que son reflet dans la rivière
marche la tête en bas.

 



Il porte l’appel
des grands loups de la toundra
le vent sur la neige.



Fanons de baleine
piqués dans la neige.
Palmiers de l’Arctique.


 

 

Do ré mi fa sol
la cigale a bon dos
dit le rossignol.

 






(haïku de phonèmes en français)

 

 

Oeufs, et nids de pies
au plus haut.
Aube et paix d'été.





Si j’écris des poèmes
c’est pour mon jumeau
mais je suis fils unique.



Le sonneur
attend son heure
mais elle aussi le guette.



Elle a filé
comme un bas .
Reste la déchirure.



Celui qui gagne
à être connu
ne perd rien pour attendre.





Il flamboie l’automne
qui nie de ses couleurs chaudes
le petit vent froid.

 

















Jamais le premier cerf
disait le vieux sachem.
Tue le quatrième.


Fille de sphinge
et de cyclope, elle est muette.
Reste l' énigme.









Même quand tu écris en pleine page
si tu es poète
tu restes marginal.



J’ai dit cinquante
ans c'est peut- être
le temps du haïku.


Des cieux aux dieux
la marge est large
plus qu’on ne dit.

Homme de boue
mais debout
jusqu’au bout.

Baguette et source
tu m’abreuves
verte légende.


Silence de mort
et la mouche qui cherche
une plaie où pondre.

Il s’est tiré
la mort dans l’arme.
S’est pas raté.



Le vent fait des écailles
sur la peau du ruisseau.
J'en ai la chair de poule.

A Hiroshima
dernier haïku d’été.
Juste avant la bombe.

 


 

 

 

Las de faire des six
le gobemouchiffre
a pondu un neuf.

 


Cappuccetto rosso
il pìchio vèrde
non teme il luppo.

 


Shooting stars
but best wishes
are fallen ashes.


Sul cledon de la prada
una graula obledada
per la neu e la brada.


Chaperon rouge
le pivert ne
craint, pas le loup.


(Il Gabbro del palazzo
cinquante brefs en italien)


Etoiles filantes
mais les voeux tombent
comme leurs cendres.


(To take french leave,
cent brefs en anglais)


Sur le portail du pré
une corneille oubliée
par la neige et le givre.


(La Freo jus l'Ala,
cent brefs en occitan)


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