Sur l'autre rive
même ton rire est étranger
mais par-dessus les murs
les gu érites les grilles
et les gardes au long de la Bidassoa
les coqs espagnols
chantent en français.

Les coqs


Michel-François Lavaur, Le Coq
Sculpture sur bois

Comme le cri d'un train
perfore la nuit moite
d'une veillée funèbre

le sillage des balles
au-dessus des tranchées
perce encore les brumes
de ta mémoire

vieil homme éteint
dont les deux mains
tremblent dans le pelage
d'une chatte sereine
et puisent juste assez
de chaleur pour survivre.
La chatte

Prendre pied. Côtoyer le friable. Tutoyer le vertige. Jeter un grappin d'audace, un lasso de chance au sommet de la démesure. Tenter le téméraire. Funambuler sur l'arête du risque. Jeter une tête de pont au bord de l'impossible. Echapper au péril par un autre danger. Se jeter vif au travers de la mort.

Le chamois


Perchée sur un cep en mon poing brandi, l'effraie qu'un roulier nous apporta inerte, voici deux lunes, hume la brise, jauge la nuit. Elle doute encore de son aile. Elle épie. Sa liberté proche lui paraît trop vraie pour être sûre. Elle écoute feuler un chat vers les Ouches du Pont.

Elle s' ébroue. L'air la dope d'odeurs. La foi lui revient. Je tente une caresse. Alors elle y croit. Son impulsion d'essor se transmet à mon bras, et c'est mon cœur qui saute, soudain mulot sous sa serre sauvage.

L'effraie

 


Comme un rostre de souche noirci par le feu
jette un haut-le-corps sur ta promenade
(et son mutisme crie à l'étal du ciel rouge
dans cette fauverie du crépuscule)
la bête obscure est là qui te regarde.

Le jour la dilue mais le noir la révèle
elle épie tes faux-pas et te harcèle
invisible et sûre d'elle

un jour ou l'autre elle t'aura.
La Bête

Liens avec d'autres textes : Traces 74

Précédente
Retour